Immensité géographique mais aussi poids démographique grandissant. Au milieu du XXIe siècle, la population africaine aura doublé et les Africains composeront un quart de l’humanité. Mais, malgré tout, l’Afrique et ses énormes enjeux demeurent négligés par les médias européens. Le Temps ne fait pas exception. C’est de ce constat qu’est né le projet «Le Temps Afrique». Nous avons empoigné ce projet avec humilité: l’Afrique est un monde en soi et la Suisse est en comparaison minuscule.
Vous l’avez peut-être remarqué: depuis le mois de mars, Le Temps a ouvert sur son site internet une section spéciale dédiée à l’actualité africaine. C’était juste avant que la pandémie du Covid-19 balaie la planète et ébranle nos certitudes. Contre toute attente, l’Afrique résiste pour l’instant mieux au Covid-19 que nos sociétés vieillissantes, mais paie un très lourd tribut à la crise économique.
Contrairement aux préjugés condescendants, la catastrophe sanitaire ne s’est pas matérialisée. Le continent a des ressources pour faire face à la crise multiforme du covid. Les défis sont immenses et notre intention n’est pas de les éluder. Mais la couverture médiatique du continent, la nôtre y compris, était imprégnée de clichés. Elle se résumait trop souvent à quelques thèmes: les conflits, la mauvaise gouvernance ou la pauvreté. Nous traiterons d’autres thèmes cruciaux pour l’avenir du continent, comme la démographie, la santé, l’environnement, l’innovation ou le dynamisme culturel africain.
Un regard suisse
Nous sommes aussi convaincus de l’intérêt d’un regard suisse sur ces défis africains. Notre pays n’a pas eu de colonies. Mais il a aussi participé à l’entreprise coloniale, qui a tant façonné notre perception de l’Afrique, de ses habitants et de ses descendants.
La Suisse n’est en tout cas pas moins légitime pour traiter de l’actualité africaine que nos cousins francophones, français ou belges. La Suisse, petite par sa taille mais grande par son influence, joue aussi un rôle non négligeable sur le continent. Un rôle que les médias suisses sont les seuls à pouvoir explorer. Notre volonté est de servir de pont et d’espace de débat entre la Suisse et l’Afrique.
Pour concrétiser notre ambition africaine, nous vous proposons à partir d’aujourd’hui plusieurs reportages dans les villes africaines. Cette série se déclinera surtout sur internet, pour atteindre une audience africaine. Ce sont des journalistes basés en Afrique qui signent ces reportages. C’est l’occasion de signaler notre présence continue sur le continent.
Quand on fera le bilan de cette année 2020 hors norme, il n’y aura pas que le covid. Le monde a aussi été interpellé par le mouvement planétaire contre le racisme après la mort de George Floyd aux Etats-Unis. Cette vague de fond interroge toutes les organisations, à commencer par les médias. Il nous faut intégrer des voix africaines. Nous sommes encore très loin du compte.