Timo Schuster, directeur d’Aldi Suisse, et Jérôme Meyer, responsable pour la Suisse romande, expliquent leur démarche, une première pour la chaîne de distribution allemande et présente en Suisse depuis 2005.
Le Temps: C’est forcément une grande semaine pour Aldi?
Timo Schuster: Nous sommes ravis d’inaugurer jeudi un site à Crans-Montana et un deuxième ce vendredi à la gare de Lausanne. Cette dernière est notre 198e succursale en Suisse et la 40e en Suisse romande.
Le Temps: Les gares accueillent déjà des Coop ou Migros. Pour vous, Lausanne sera une première, juste?
Jérôme Meyer: Oui. Il s’agit d’un nouveau concept. Nous visons les pendulaires, qui pourront profiter de notre spécialité café à 1 franc et de notre sélection de produits boulangerie. De même qu’une offre diversifiée de «prêts à manger» – salade, sushi, sandwich – au rayon frais. A la gare de Lausanne où passe des milliers de personnes, la succursale sera aussi une vitrine où les non-habitués pourront découvrir des offres diverses. Avec 24 collaborateurs, et avec une surface de 240 mètres carrés, ce qui fait d’elle la plus petite des Aldi, elle sera ouverte de 5h50 à minuit, sept jours sur sept. Lausanne pourra devenir un modèle pour le reste de la Suisse, mais aussi dans le reste du monde où nous sommes présents. In fine, nous voulons nous rapprocher des centres urbains.
Les prix pratiqués à la gare de Lausanne seront-ils plus élevés que dans vos autres magasins, comme c’est le cas pour la Coop par exemple?
J. M.: Nous pratiquerons les mêmes prix partout. Du reste, il nous reviendrait cher de mettre en place des prix différenciés.
Où seront situées vos prochaines succursales?
J. M.: Le nombre atteindra 200 l’an prochain. Les deux suivantes seront ouvertes au centre-ville de Fribourg ce printemps et à Genève au troisième trimestre.
C’est une importante pénétration de marché depuis votre arrivée en Suisse en 2005. Quel est votre secret?
T. S.: Dès le début, nous avons entraîné une modification durable des prix dans le commerce de détail. Notre leadership en matière de prix est principalement dû à nos structures de gestion et de vente très allégées. Contrairement à nos concurrents, nous nous contentons de travailler qu’avec environ 1500 produits à des prix très compétitifs.
Est-ce que ce sont vos fournisseurs qui passent à la caisse?
T. S.: En aucun cas, le prix favorable n’est obtenu grâce à des économies sur la qualité du produit ou de la production elle-même. Nos fournisseurs sont souvent les mêmes que ceux de nos concurrents.
Vous économisez sur les salaires et conditions de travail de vos collaborateurs alors…
T. S.: Avec 3000 collaborateurs, Aldi s’est imposé depuis 2005 comme l’un des plus grands employeurs du commerce de détail en Suisse. En plus des salaires les plus élevés, nous offrons cinq semaines de vacances, de nombreux avantages supplémentaires ainsi que de bonnes opportunités de formation continue et de promotion.
Selon votre publicité, vos fruits et légumes sont bios. Est-ce sérieux?
J. M.: Notre approche consiste à permettre à chacun d’acheter des produits biologiques. Notre propre marque Nature Suisse Bio est une garantie de qualité et conforme aux directives de Bio Suisse. A présent, nous sommes en discussion pour obtenir ce label. Nous l’obtiendrons dans quelques années.
Qui sont les clients d’Aldi?
T. S.: Nous avons identifié trois groupes. Le premier est celui qui fait attention à son porte-monnaie. Le second est celui qui veut faire des achats intelligents en matière de qualité/prix et le dernier vient chez nous pour acheter des produits spécifiques. Par ailleurs, les résultats positifs de nombreux tests effectués par des magazines de consommateurs nous amènent de nouveaux clients toutes catégories confondues. En tout cas, 70% de la population suisse a déjà fait au moins une fois ses courses chez nous.
Pensez-vous avoir donné un coup de pied dans la fourmilière du commerce de détail en Suisse, concentré dans les mains de deux géants?
T. S.: Nous avons incontestablement donné beaucoup d’élan au marché suisse de la distribution. Notre entrée sur le marché en 2005 s’est traduite par un renforcement sensible de la concurrence dans le commerce de détail suisse. Cela a eu pour effet, d’une part, une forte baisse des prix et, d’autre part, une concurrence de qualité. On peut donc en tout cas parler d’une dynamique positive sur le marché.