Sylvain Tesson: «Moi, d’extrême droite? Le seul extrême que je pratique, c’est dans le sport»
Le 18 janvier, une pétition demandait que l’écrivain ne soit pas le parrain du prochain Printemps des poètes, parce qu’il serait une «icône réactionnaire». De passage en Suisse, où il est venu parler de son nouveau livre, ce chevalier des Lettres répond à «ses juges»
Il croyait poursuivre les fées, il est tombé sur de vieux démons français. Sylvain Tesson publie Avec les fées (Ed. Equateurs), récit beau et cinglant comme la lame irlandaise sur la falaise, où il raconte sa remontée des côtes celtiques, de la Galice à l’Ecosse. Hissez les voiles, flibustiers! Avec ses copains, Benoît à la barre, Humann aux fourneaux, il ne cherche pas en vérité Morgane ou Mélusine, mais un ravissement, cette absorption de l’être dans le paysage. Ce vagabondage est son miroir, cet ailleurs griffé par le vent, son visage. Il s’y dessine railleur, mélancolique, en quête d’élévation toujours, potache avec cette science du pas de côté qui est sa façon de prendre de l’altitude.
«L’état féerique» devait être son graal. L’efflorescence de mars sa fête. La directrice du Printemps des poètes, l’écrivaine Sophie Nauleau, ne l’avait-elle pas choisi pour parrainer la prochaine édition, dont le thème, ça ne s’invente pas, est la «grâce»? Patatras. Des poètes remarquables, des éditeurs de qualité sans doute, des bibliothécaires se sont insurgés contre le choix de celui qu’ils considèrent comme «une icône réactionnaire» dans un contexte où l’extrême droite est, selon eux, plus que jamais proche du pouvoir, où le poids du groupe de Vincent Bolloré sur les médias et l’édition inquiète. Mille deux cents signatures au bas d’une pétition, ça peut vous assommer un homme, fût-il chevalier de la table ronde.