Mais John Bogle n’est pas l’homme d’un produit, ni d’une discipline, plutôt celui d’une idée. C’est un pionnier de la défense de l’épargnant et finalement du capitalisme. Membre de l’American Philosophical Society, il est l’auteur de 12 ouvrages, pédagogiques sur les fonds de placement, ou philosophiques comme Battle for the Soul of Capitalism (2005) ou The Clash of the Cultures: Investment vs. Speculation (2012).
Une thèse qui s’intéressait déjà aux fonds de placement
«John Bogle a exercé une influence non seulement sur l’ensemble de l’industrie financière, mais, surtout, sur la vie des innombrables individus qui épargnent pour eux et pour l’avenir de leurs enfants», commente Tim Buckley, directeur général de Vanguard, le groupe créé par John Bogle, qui est devenu le deuxième plus grand gérant d’actifs du monde, avec 4900 milliards de dollars d’actifs.
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Après une thèse déjà consacrée aux fonds de placement, John Bogle entre à 22 ans au service de Walter Morgan, en 1951, au sein du groupe Wellington. Il devient rapidement un directeur. Mais après un conflit lors de la fusion de cette société avec TDPL, le défenseur du petit investisseur fonde Vanguard, en septembre 1974. Il met alors en œuvre son grand projet en faveur de l’épargnant, la suppression des conflits d’intérêts au sein de la finance et la réduction au plus bas des frais de gestion.
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— Bloomberg (@business) 16 janvier 2019
En 1976, il crée le premier fonds indiciel, le First Index Investment Trust. Le projet est accueilli par les sarcasmes des professionnels qui l’interprètent comme la meilleure voie vers la médiocrité. Le lancement est plutôt raté, puisqu’il recueille seulement 11 millions de dollars. Mais c’est aujourd’hui un géant des fonds de placement. Son nom est devenu Vanguard 500 Index Fund et sa taille atteint 441 milliards de dollars. C’est donc l’un des plus grands fonds du monde. Il s’efforce de suivre l’indice S&P 500 des grandes actions américaines.
Un an plus tard, il brise une autre tradition en cessant de commercialiser ses fonds avec des courtiers. Il les vend directement aux investisseurs pour réduire les coûts de l’épargnant.
John Bogle quitte la direction de Vanguard en janvier 1996, un mois avant de subir une opération du cœur, puis le conseil d’administration, en décembre 1999. Ces deux dernières décennies, il n’a cessé de transmettre son message aux épargnants, notamment au sein de ses livres. C’est «un géant du XXe siècle», selon le magazine Forbes, lequel ajoute qu’il a «fait davantage pour les investisseurs que n’importe quel autre financier».