Nos articles sur le déconfinement en Suisse
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Jalons sanitaires
Le plan de protection de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) définit les grandes lignes du retour à l’école. Considérant que «les enfants ne jouent presque aucun rôle dans la propagation du virus», la Confédération renonce à imposer le principe de distance sociale aux élèves de moins de 10 ans. «Les écoliers doivent pouvoir se comporter et se déplacer en classe, sur le chemin de l’école et dans la cour de récréation aussi normalement que possible», précise le document. Une distance minimale de 2 mètres doit en revanche être garantie lors de contacts interpersonnels entre enseignants et élèves si la situation le permet. Les règles d’hygiène telles que le lavage des mains, la désinfection des locaux et des surfaces doivent également être respectées en tout temps.
Que se passera-t-il si un écolier ou un enseignant est infecté? «Toute personne contaminée sera immédiatement isolée et les personnes ayant été en contact avec elle seront placées en quarantaine», répond Daniel Koch, délégué de l’OFSP pour le Covid-19. Quant au port du masque à l’école ou dans les transports scolaires, il ne semble pas près d’être imposé. «Les enfants ne peuvent porter de masques que s’ils savent s’en servir, note Daniel Koch. Les règles d’hygiène et de distance restent le moyen de protection le plus efficace.»
Cantons romands soulagés
Dans les cantons romands, le retour du fédéralisme suscite un certain soulagement même si la plupart d’entre eux attendront jeudi pour communiquer le détail de leurs plans de réouverture. Genève a d’ores et déjà annoncé renoncer aux examens écrits de maturité à l’Ecole de culture générale et au collège. «La question a été difficile à trancher, reconnaît la conseillère d’Etat Anne Emery-Torracinta. Il nous a finalement paru plus juste de les supprimer pour des raisons sanitaires et organisationnelles mais aussi pour préserver le principe d’équité. Tous les élèves n’ont pas pu étudier dans les mêmes conditions durant ce semi-confinement.»
Conséquence: les élèves qui étaient promus à la fin du premier semestre obtiendront leur titre. Pour ceux qui n’avaient pas les notes suffisantes mais qui conservent des chances de promotion, une session d’examens extraordinaire sera organisée en juin. Le début des vacances pour les quelque 2400 étudiants du canton? «Absolument pas, répond Anne Emery-Torracinta. Une maturité n’est pas une fin en soi, lorsque les élèves retourneront en classe, probablement le 8 juin, ils se concentreront sur certains cours en fonction de leur future orientation.» Une reprise modulable dont les détails seront dévoilés prochainement. A noter que la décision du canton n’a pas d’influence sur les écoles privées, à l’exception de l’école Moser.
Adapter la reprise au terrain
A Neuchâtel, la conseillère d’Etat Monika Maire-Hefti salue elle aussi le cadre octroyé par la Confédération. «A nous désormais de l’adapter aux besoins du terrain, en écoutant les craintes des parents et des enseignants, plaide-t-elle. A Neuchâtel, nous nous dirigeons dès le 11 mai vers un retour progressif à l’enseignement présentiel, différencié en fonction des cycles. D’ici là, il faudra encore définir le flux des personnes dans les établissements et l’encadrement des activités extrascolaires.»
Autant de cantons que de scénarios de réouverture? La perspective inquiète Samuel Rohrbach, président du Syndicat des enseignants romands (SER). «Nous regrettons que la Confédération ne garde pas la mainmise», déplore-t-il, soulignant qu’il aurait été préférable que tous les cantons se coordonnent et généralisent notamment l’enseignement en demi-classe uniquement. «Il est illusoire d’imaginer qu’un professeur conserve 2 mètres de distance dans une classe de 20. La manière d’enseigner va inévitablement changer.»
Inquiétudes syndicales
A ce stade, de nombreuses inconnues demeurent. «Les principes de sécurité sanitaire devront impérativement être appliqués par tous les cantons au risque de mettre en danger élèves et enseignants», prévient Samuel Rohrbach, qui demande notamment des ressources humaines et du matériel supplémentaires pour y parvenir. Si «toutes ces conditions ne sont pas réunies», le SER estime que la réouverture doit être repoussée et l’enseignement à distance maintenu.