Cette France voisine où colère se dit RN
Le Rassemblement national a fait un carton aux européennes dans l’Ain et dans une moindre mesure en Haute-Savoie. Reportage à quelques jours des élections législatives, entre ras-le-bol de l’immigration et sentiment profond de déclassement
Elle a des choses à dire, la patronne. Mais c’est l’heure du coup de feu et les clients attendent le menu du jour: salade de museau, poulet à la crème, tarte aux abricots maison. Ils sont en bleu de travail pour la plupart et elle, en tablier chasuble. «Le seul programme auquel je crois, c’est celui de mon lave-linge! s’emporte Nathalie Pillard, virevoltant entre la salle et la cuisine. Mais comme on a tout essayé, reste le RN!»
Il n’a pas fallu chercher longtemps pour rencontrer les électeurs de l’extrême droite aux élections européennes, ces 31,4% qui ont amené le président de la République à dissoudre l’Assemblée nationale et font trembler le pays à quelques jours des législatives. L’Ain, traditionnellement plutôt au centre droit, a hissé le Rassemblement national à la première place, avec 36,53% accordés à la liste menée par Jordan Bardella. Loin devant la liste Renaissance de Valérie Hayer (14,57%) et la liste Parti socialiste-Place publique de Raphaël Glucksmann (11,60%). Si on ajoute au RN la liste de Marion Maréchal, on arrive à 42% pour l’extrême droite.