«Une coupure avec la recherche européenne serait dramatique»
D’un côté, le Conseil fédéral, qui a tiré la prise de l’accord-cadre. De l’autre, les scientifiques qui s’en désolent parce qu’ils sont privés de leur réseau européen. Entre les deux, un fossé qui ne cesse de se creuser. Rencontre avec la chercheuse Véronique Dasen
Non. A l’Université de Fribourg, les chercheuses et chercheurs n’ont pas – jusqu’à présent du moins – été sollicités pour déplacer leurs activités dans une haute école d’un pays membre de l’UE. Mais oui, toutes et tous sont inquiets face à cette épée de Damoclès qui plane au-dessus de leur tête: une place académique suisse coupée de son biotope naturel, c’est à moyen terme prendre le risque d’une fuite des jeunes cerveaux. «Cette coupure serait dramatique», résume Véronique Dasen.
Cette professeure d’archéologie et d’histoire ancienne a décroché en 2017 l’une de ces prestigieuses bourses du Conseil européen de la recherche (ERC) pour son projet Locus Ludi. Celui-ci prend le jeu comme clé de lecture des structures sociales, politiques, religieuses et identitaires dans l’Antiquité grecque et romaine, en se focalisant sur ses acteurs, qu’ils soient hommes, femmes ou enfants. En Suisse, c’était à l’époque une double première, puisque cette bourse de 2,5 millions d’euros récompensait une recherche en sciences humaines menée par une femme.