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A l’école aussi, la politique avance masquée

ÉDITORIAL. Derrière la question de la gratuité des masques se trouve un début de contestation politique face à la gestion de la crise sanitaire

Agrandir l'image Jour de rentrée dans un gymnase lausannois. — © Laurent Gillieron/Keystone
Jour de rentrée dans un gymnase lausannois. — © Laurent Gillieron/Keystone

S’il s’agit de mesurer la situation actuelle de la crise du coronavirus en Suisse romande, voire au-delà, la question de la gratuité des masques au gymnase ou à l’université est sans doute un instrument possible: une société qui a le loisir de se chamailler à ce sujet démontre que pour le moment elle ne va pas si mal.

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D’abord, soyons clairs. Il n’est pas question de nier la dureté de cette pandémie. Ni les risques d’un rebond dans les semaines qui viennent. Mais l’affaire des masques à l’école, qu’elle soit basée sur le principe de précaution devenu la norme de toutes les peurs sociétales ou sur la santé des professeurs et des élèves, est d’abord emblématique d’un retour à la normalité de la politique et de la fin des unions sacrées autour du covid. Si les Romands se sont unis autour d’un concept sanitaire à l’école, les cantons suisses ne sont pas tous d’accord. Les mesures prises, en termes de classe d’âge par exemple, divisent. Elles sont remises en question pour des raisons de coût, parfois de pertinence. Et qui doit payer? Les réponses redeviennent peu à peu simplement technocratiques, à la manière de celles de la ministre des écoles vaudoises, classant l’affaire entre effets personnels et pédagogiques, fournitures scolaires ou infrastructures.

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Car si la politique, à l’école comme ailleurs, avance masquée, la défiance envers l’autorité aussi. Elle n'atteint pas les proportions dramatiques de ce qui se passe en Allemagne ou en Angleterre, mais les citoyens suisses sont de plus en plus nombreux à considérer le tâtonnement revendiqué du monde politique sur cette pandémie comme une inquiétante navigation à vue. Il n’est pas sûr en effet que la gestion de la crise ait été et soit aussi formidable que cela. Un signe parmi d’autres: le professeur Didier Pittet, chef du service de prévention et contrôle de l’infection aux HUG de Genève, est désormais chargé d’une mission d’évaluation concernant la gestion du coronavirus par… l’Etat français. Les Romands sont, à juste titre, fiers que cette enquête incombe à un grand scientifique de chez nous. Même s’il y a eu pour le moment, en proportion, moins de morts du covid en France que dans les cantons de Genève et de Vaud. Mais ici, pas question d’évaluation de la réponse politique. Alors la contestation trouve des chemins de traverse où elle peut: la polémique sur la gratuité des masques à l’école en est un.