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Pour une lecture réaliste du trumpisme

CHRONIQUE. La politique étrangère d’un pays s’ancre dans le long terme, et l’exceptionnelle puissance américaine ne va pas disparaître en un mandat, explique l’historien américain Stephen Kotkin que notre chroniqueur François Nordmann a lu avec intérêt

Agrandir l'image Donald Trump s'apprête à embarquer en destination de Palm Beach, avec sur ses talons le jeune X, le fils de son conseiller en chef Elon Musk. Washington, 14 mars 2025.   — © IMAGO/Al Drago/UPI Photo
Donald Trump s'apprête à embarquer en destination de Palm Beach, avec sur ses talons le jeune X, le fils de son conseiller en chef Elon Musk. Washington, 14 mars 2025. — © IMAGO/Al Drago/UPI Photo

Ancien ambassadeur, François Nordmann partage ses réseaux et ses infos sur les coulisses de la diplomatie tous les mardis.

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Pour les chefs d’Etat européens, les nouvelles priorités de la politique étrangère des Etats-Unis sont claires. La Chine, l’Iran requièrent toute l’attention de Washington, les anciennes alliances n’ont plus qu’une valeur résiduelle. La Russie, principale menace pour l’Union européenne, n’est pas perçue comme telle par l’Amérique. Cette analyse est à la base de la relance des efforts de réarmement de l’Europe. Les Etats-Unis renoncent à leur rôle de garant de l’ordre sécuritaire mondial et aux alliances qui étaient l’un de ses piliers. Washington renoue avec la tentation impérialiste. La mise en œuvre de ce programme est menée de manière confuse et même chaotique par un président autoritaire et qui cultive l’incertitude et l’incohérence en se laissant guider par l’opportunisme, sans doctrine ni vision claire des relations internationales de son pays.

Le professeur Stephen Kotkin, spécialiste de la Russie et notamment de la période stalinienne, qui enseigne l’histoire à Princeton, veut replacer la présidence de M. Trump dans une perspective historique.Répondantaux questions de David Remnick, rédacteur en chef du magazine New Yorker, il prétend qu’un président ne peut pas modifier à lui tout seul la politique étrangère d’un pays, qui est semblable à un paquebot, dont le changement de cap s’effectue lentement et sans à-coups. La situation actuelle lui rappelle celle des années 1970, quand l’Amérique était au plus bas: elle avait perdu la guerre du Vietnam, le président Nixon avait dû démissionner à la suite d’un scandale, le choc du pétrole avait détruit une partie de l’industrie… Et puis l’Amérique a rebondi et a connu ensuite quelques-unes de ses meilleures décennies. Stephen Kotkin n’aime pas Trump, qui diminue le soft power, une des composantes majeures de la puissance américaine. Toutefois il lui faut admettre que Trump a révélé, à sa manière trumpienne, quelques vérités au sujet de la puissance de l’Amérique et de la place de l’Amérique dans le monde.

Le Temps publie des chroniques, rédigées par des membres de la rédaction ou des personnes extérieures, ainsi que des opinions et tribunes, proposées à des personnalités ou sollicitées par elles. Ces textes reflètent le point de vue de leurs autrices et auteurs. Elles ne représentent nullement la position du média.

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