La «bombe» du «prize money» aux Jeux de Paris 2024, une menace pour le modèle olympique
CHRONIQUE. En annonçant que World Athletics récompensera de 50 000 dollars tous les champions olympiques d’athlétisme, Sebastian Coe crée un précédent qui obligera tôt ou tard le CIO à se positionner, estime Emmanuel Bayle, professeur en gestion du sport à l’Université de Lausanne
Sport-Etude
Régulièrement, «Le Temps» ouvre ses colonnes aux travaux et réflexions des chercheurs du Centre interdisciplinaire de recherche sur le sport (CIRS) de l'Université de Lausanne.
Jusqu’à présent, les athlètes n'étaient pas rémunérés, pour leur participation et leurs performances aux Jeux olympiques et paralympiques (JOP), ni par le Comité international olympique (CIO), qui est le propriétaire de l’évènement, ni par le comité d’organisation des JOP (COJOP), ni encore par les fédérations sportives internationales. La rémunération des athlètes engagés aux JOP est plus indirecte via l’exploitation de leur notoriété et de leur image. En revanche, certains médaillés perçoivent de leurs sponsors ou/et de leurs États, plus rarement de leurs comités nationaux olympiques (CNO), des primes financières (prize money) qui vont de quelques dizaines de milliers à plusieurs millions de francs.
Même dans des pays comme la Suisse, nombre d'olympiens restent toutefois dans des situations précaires et vulnérables du fait de l’endettement pour financer leur carrière et de l'absence de protection sociale. C'est pourquoi la décision prise, trois mois avant le début des JOP de Paris 2024, par Sebastian Coe, le président de World Athletics, de récompenser les médaillés d’or dans les 48 disciplines d’athlétisme à Paris avec la somme de 50 000 dollars, a fait l’effet d'une bombe dans le monde olympique. Et cela d’autant plus qu'il a annoncé qu’il allait étendre ce dispositif aux médaillés d’argent et de bronze des JOP 2028.
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