Philippe Theytaz, pages en alpage
L’Anniviard issu de la terre et des pâturages, devenu docteur en sciences de l’éducation, publie un livre qui confronte l’enfant à son milieu traditionnel et austère dans les années 1960
C’était le 19 juillet 2014. Trois cordées effectuaient l’ascension des Pointes de Mourti, au-dessus du lac de Moiry (VS). Une avalanche les a emportées: deux morts et deux blessés graves. Dont Philippe Theytaz, 69 ans à l’époque. Vingt-huit fractures, quinze jours de coma. Son pronostic vital fut longtemps engagé. Etonnamment, sa survie tient en partie à ce qu’il nous raconte dix ans plus tard dans Le Gamin au village, livre qui évoque son enfance dans le val d’Anniviers au milieu du siècle dernier.
Dès l’âge de 10 ans, le petit Philippe qui habite Vissoie monte chaque été à l’alpage. Trois mois là-haut. Il est pâtre, chargé de veiller sur les vaches. Le seul enfant parmi des adultes «pas toujours fins d’esprit». Lever à 4h, coucher à 22h. Pour repas, du pain, du lait, du fromage. De la viande parfois «quand quelqu’un a braconné une marmotte». Ses plaisirs là-haut: la contemplation de la montagne, ses conversations avec le bétail et la lecture de l’almanach. Il s’est surtout forgé un moral d’acier et s’est constitué un physique sec, musculeux. Qui lui ont permis beaucoup plus tard de courir la Corrida de São Paulo, le Sierre-Zinal et des marathons. «Je crois avoir survécu en 2014 grâce à cette force acquise enfant au pâturage», affirme-t-il.